Cette présentation établit que la destruction de statues en Martinique, en 2020, constitue une intervention sur le paysage martiniquais qui exprime une aspiration à installer un nouveau rapport au lieu Martinique. Elle montre que cette intervention sur le paysage se situe à l’intersection de deux exigences : des réparations pour l’esclavage de l’Africain, des réparations pour l’empoisonnement au pesticide chloredécone. Cette action participe du projet de faire de la Martinique un lieu sans pesticides, débarrassé des symboles célébrant le colonialisme et l’esclavage, un lieu dont les paysages montrent la mémoire historique des Martiniquais d’ascendance africaine dans sa variété et sa complexité, ainsi qu’une agriculture responsable. Cette action se lit comme l’expression résurgente d’un nationalisme afro-martiniquais et afro-caribéen reposant sur un modèle de paysannerie de petits propriétaires pratiquant une agriculture nourricière, susceptible de permettre l’émancipation économique des anciens esclavisés.