The practice of New Year's gifts under John the Fearless and Philip the Good: a reflection of relationships within the household and the court?
La pratique des étrennes sous Jean sans Peur et Philippe le Bon : un miroir des relations au sein de l’hôtel et de la cour ?
Résumé
New Year's gifts provide a privileged viewpoint for understanding the functioning of the household, and more generally the court, at the end of the Middle Ages. Although partially opposed by the Church throughout this period, the practice of New Year's gifts experienced a true resurgence under the reigns of Charles V and especially Charles VI, becoming a major event in court life during the 14th and 15th centuries, according to Jan Hirschbiegel. Despite this observation, studies on this celebration in the courts of the duchesses and dukes are lacking. Only a few articles highlight this revival, such as Françoise Autrand’s work on the court of Berry in 1415. The practices of other dukes, including those of the Valois of Burgundy dynasty, remain largely unknown. This is particularly regrettable since their principalities were engaged in a strong competition with other Houses, initiated as early as Philip the Bold, as well as a political construction in which power was intimately tied to the prestige of the household and court.
A reflection of relationships within the duke's entourage, possessing 'a language to be read and understood,' according to Werner Paravicini, New Year's gifts allow us to observe the movement and circulation of goods during a specific moment in the life of the household and court. This gift economy offers the opportunity to assess the value of objects given during New Year's, thus allowing us to question the materiality and symbolism of these items. It also has the advantage of highlighting part of the loyalty networks that characterized the prince's entourage. Recipients of ducal generosity, these individuals, whether members of the ducal household or not, could also be important actors in this circulation of goods and favors, thereby revealing an aspect of governance through gifting.
This presentation aims to examine this economy through the practice of New Year's gifts under the principalities of John the Fearless and Philip the Good, focusing on the interactions between the prince, his household, and court members. Beyond the study of the objects given and the individuals rewarded, this discussion also seeks to explore the continuity or decline of a courtly celebration between 1404 and 1467.
Les étrennes constituent un observatoire privilégié pour apprécier le fonctionnement de l’hôtel, et plus généralement de la cour à la fin du Moyen Âge. Combattue en partie par l’Église durant toute la période, la pratique des étrennes connaît pourtant une véritable renaissance sous les règnes de Charles V et surtout de Charles VI, devenant un temps majeur de la vie curiale aux XIVe et XVe siècle selon Jan Hirschbiegel. En dépit de ce constat, les études portant sur cette fête dans les cours des duchesses et des ducs manquent. Seuls quelques articles mettent en évidence ce renouveau, à l’image de celui de Françoise Autrand sur la cour de Berry en 1415. Les pratiques des autres ducs, y compris de la dynastie des Valois de Bourgogne, demeurent en grande partie méconnues. Ce constat est d’autant plus dommageable que leurs principats s’inscrivent dans le cadre d’une compétition forte avec les autres Maisons, initiée dès Philippe le Hardi, ainsi que dans celui d’une construction politique dans laquelle le pouvoir était intimement lié au prestige de l’hôtel et de la cour.
Miroir des relations dans l’entourage du duc, possédant « un langage à lire et à comprendre » selon les mots de Werner Paravicini, les étrennes permettent d’observer la mobilisation et la circulation de biens lors d’un temps spécifique de la vie de l’hôtel et de la cour. Cette économie du don offre la possibilité d’appréhender les valeurs des objets donnés lors des étrennes, et donc de questionner la matérialité et la symbolique des biens. Elle présente aussi l’avantage de mettre en évidence une partie des réseaux de fidélité qui caractérisent l’entourage du prince. Destinataires de la générosité ducale, ces individus, membres de l’hôtel ducal ou non, pouvaient également être des acteurs importants dans cette circulation des biens et des faveurs, donnant ainsi à voir une part du gouvernement par le don.
Cette communication entend donc questionner cette économie, à travers la pratique des étrennes sous les principats de Jean sans Peur et Philippe le Bon, en insistant sur les interactions entre le prince, les gens de son hôtel et les membres de sa cour. Au-delà de l’étude des objets donnés et des membres gratifiés, cette présentation vise aussi à interroger la pérennité ou le déclin d’une fête curiale entre 1404 et 1467.