La communication propose de présenter et restituer les principaux résultats d’une recherche sur les réalités sociales du processus d’adaptation aux changements climatiques de deux communautés côtières en France et au Québec (Charbonneau, 2023) exposées à des risques côtiers (érosion, submersion). Comment des communautés côtières construisent-elles leur processus d’adaptation aux changements climatiques ? Cette recherche s’est appuyée sur un dispositif méthodologique mobilisant notamment la tenue de deux forums ouverts (technique d’enquête faisant partie du domaine de l’innovation ouverte basée sur l’auto-organisation, l’intelligence collective, la participation, les relations et l’apprentissage non structuré) organisés à Penmarc’h (Bretagne, France) et à Sainte-Félicité (Matanie, Québec) respectivement en mars et en mai 2022 durant 1 journée. La communication aborde également la portée et les limites de ce dispositif participatif pour construire un « récit à mettre en commun ». La recherche s’est appuyée sur le cadre théorique de la gouvernance adaptative et de la théorie du changement. L’expérience des forums ouverts démontre que bien qu’il soit recommandé d’utiliser des outils participatifs, ces derniers peuvent demander beaucoup de ressources (financières et humaines), occasionner peu de résultats, surtout si les participants ne sont pas familiers avec les procédés et enfin, contribuer à la montée de la méfiance des acteurs puisqu’il est annoncé un exercice de concertation, mais qui s’avère davantage être un exercice de consultation. L’analyse des forums ouverts s’intéresse aux sujets de la collaboration entre les acteurs, la place et le rôle des institutions, la participation des habitants dans les processus de décision, les responsabilités, la circulation des connaissances, la flexibilité, les ressources, les visions du territoire et la prise en compte des changements climatiques. Les résultats obtenus à l’issue des deux forums ouverts à Penmarc’h et à Ste-Félicité montrent des divergences mais également des convergences significatives en dépit de cadres culturels et politiques assez différenciés. La répartition des rôles entre les catégories d’acteurs reflète une conception traditionnelle de la gouvernance limitant du coup une véritable gouvernance adaptative. Si des changements partiels prennent place, de nombreux obstacles dans les mécanismes sociaux permettent d’expliquer une friction dans la mise en œuvre d’actions adaptatives. Les résultats confirment le besoin de prendre en compte des mécanismes sociaux, ces derniers semblant avoir un impact sur la capacité à passer à l’action. Les écueils dans la collaboration, dans l’implication des habitants et dans la transmission des connaissances démontrent comment les interrelations influencent la volonté et la mise en œuvre d’action adaptative. Cette communication s’appuie sur des travaux soutenus par une recherche subventionnée par le Fonds de recherche du Québec (FRQ) et l’Agence nationale de la recherche (ANR) intitulée « Co-construction de scénarios d’adaptation des territoires maritimes aux risques côtiers dans un contexte de changements climatiques en France et au Canada (projet ARICO) ».