Cette étude se compose de deux parties. Dans la première, on caractérise la couverture végétale et précise les éléments environnementaux critiques influençant la présence de végétation sur la zone de marnage des retenues artificielles de Serre- Ponçon et de Villerest. Dans la deuxième, on explore les possibilités offertes par la télédétection pour mesurer la présence et la progression de la végétation sur les zones de marnage dans ces deux retenues A Serre-Ponçon, en amont de la Durance, la zone de marnage est découverte durant l’hiver et le printemps, lorsque le niveau d’eau s’abaisse en moyenne de 20 m, et noyée durant l’été, lorsque l‘eau remonte à son niveau maximal. Lorsqu’elle est présente, la végétation se développe dans la ceinture couvrant environ 10 m d’altitude sous le niveau maximal des eaux, sur les pentes faibles des anciens cônes de déjection torrentiels, où un sédiment lavé et graveleux, qui assure une stabilisation vis à vis du batillage, recouvre l’ancien horizon B de sol, qui joue le rôle de réserve d’eau et d’éléments minéraux. Des plantes généralement pérennes colonisent partiellement la partie supérieure des anciens cônes de déjection. Elles possèdent des racines pivot leur permettant de prospecter les horizons de sols enfouis. Parmi celles-ci, Rorippa sylvestris offre le potentiel de végétalisation le plus prometteur. La télédétection permet de suivre le marnage et précise la progression de la végétation sur les zones où nos observations montraient qu’elle est peu présente. A Villerest, à l’aval de la retenue de Grangent, sur la Loire, la zone de marnage est découverte durant l’été et l’automne et le printemps, lorsque le niveau d’eau s’abaisse en moyenne de 15 m, et noyée durant l’hiver et le printemps, lorsque l‘eau remonte à son niveau maximal. Les plantes annuelles colonisent très largement l’ensemble des pentes, faibles et fortes et jusqu’au niveaux les plus bas, tandis que les pérennes sont peu représentées. La colonisation est plus faible lorsque le drainage interne au sol est réduit. Le succès des annuelles pourrait provenir de la fertilisation assurée par les blooms, liés à la richesse trophique du lac, tandis que la banque de graines pourrait provenir du barrage en amont. La télédétection permet de préciser la progression de la végétation au cours de la saison, et ceci depuis que des images spot existent. Cette possibilité pourra être mise à profit sur les retenues en faible pente. Ainsi, si les pérennes dominent à Serre-Ponçon par rapport aux annuelles, et vice-versa à Villerest, l’âge de la retenue peut être invoqué mais probablement aussi la position dans la chaine des retenues qui doit influencer la densité de graines, en enfin le niveau trophique de la retenue, qui doit conditionner la vitesse de croissance, qui est l’élément clé pour des annuelles. Serre-Ponçon est oligotrophe et en amont, Villerest est eutrophe et en aval. Les pérennes bénéficient de la présence d’un ancien horizon de sol enterré, les annuelles de la fertilisation par l’eau. Les observations sont magnifiquement illustrées par la mesure du NDVI sur les images Spot des deux retenues. Mieux, cette mesure permet de suivre la dynamique de cette végétation au cours de la saison, et au cours des années précédentes, et ceci depuis que ces images sont disponibles. Ces prospections de terrain, associées aux images satellites permettent de dresser une carte d’identité de ces zones de marnage dans différents contextes et sous différentes contraintes, et des opportunités qu’elles offrent. Une généralisation à l’ensemble des réservoirs est donc envisageable.