… traversée des brumes…, écrit par Joan-Ives Casanòva, publié en 2009 chez Jorn, se présente comme un recueil divisé en deux parties contenant, chacune sur une double page, dix vers libres longs, en français sur la page de gauche ; en occitan sur la page de droite. Ces vers se déroulent sans signe de ponctuation, ce qui donne l'impression de phrases longues, de syntaxe complexe où le lecteur doit trouver le rythme de sa lecture. En syntaxe, le pivot de la phrase est le verbe conjugué mais le lecteur est surpris par la présence importante des infinitifs dans ce recueil. Ce mode présente la particularité de ne pas fonctionner en tiroirs temporels et d'être impersonnel : il s'affranchit donc du temps et il n'a pas besoin de sujet explicite dans l'expression d'un procès. De plus, il relève de deux parties du discours, le verbe et le nom, dont il rend la limite labile. L'infinitif s'avère être le mode de l'entre-deux, mode le mieux placé pour cette traversée. C'est pourquoi nous proposons d'étudier quelques-uns d'entre eux, révélateurs du style de ce recueil, pour en commenter leur fonctionnement sémantique, syntaxique et énonciatif, et évaluer ce qu'ils disent de l'écriture de cette traversée.