Si les visites urbaines touristiques classiques s’attachent plutôt aux quartiers centraux, des promenades récentes s’ouvrent aux espaces péricentraux, voire périphériques, dans les banlieues et le périurbain et permettent de (re-)valoriser ces espaces souvent conçus et perçus comme peu favorables aux piétons. C’est le cas des sentiers métropolitains, dispositifs pédestres qui traversent les zones (péri)urbaines et périphériques, jouant le rôle d'équipement culturel et touristique au service du territoire, en rassemblant des groupes et des initiatives locales et en assemblant des patrimoines culturels et naturels. Ils sont accessibles à la fois aux habitants et aux touristes et offrent la possibilité de découvrir les espaces méconnus des grandes villes lors de la randonnée ou la promenade. L’objectif de ces sentiers est d’inventer « l’exotisme du familier » (Le Breton, 2000), de « questionner les limites et de dépasser les frontières » et d’englober d’un « même regard les territoires stratégiques, les interstices et les alentours qui les côtoient et les constituent » (Dossier de presse Atelier international du Grand Paris, « Faites-nous marcher ! », 2011). Les sentiers métropolitains sont des pratiques très ancrées localement qui adoptent actuellement une position à la croisée de l'aménagement, de l'art, du tourisme et de l'écologie (Salles, 2021). Ces aménagements urbains permettent l’émergence de nouveaux liens, de nouveaux usages de médiation et la construction de nouveaux récits. Ces projets encouragent des approches intégrées, où les dimensions, qu'elles soient politiques ou vernaculaires du paysage, sont indissociables à la fois sur le plan écologique et relationnel (ibidem), mais aussi culturel et patrimonial. Parallèlement, ces sentiers s’inscrivent dans une logique de circulation des modèles, en particulier à travers l'institutionnalisation dès 2017 des sentiers à l'échelle européenne, de la création de l'académie des sentiers métropolitains pour « créer des outils dont puissent bénéficier de nouveaux porteurs de projet, les publics et les territoires", et la rédaction de la charte internationale en 2020 par le mouvement des sentiers métropolitains. Comment les sentiers et les promenades métropolitaines permettent de réinterroger le patrimoine et participent des pratiques post-touristiques (Bourdeau, 2018) ? Comment cette itinérance douce se met en place et quels aménagements entraine-t-elle ? Et comment ces visites ré-interrogent et redessinent - ou non – les métropoles ?