En 1989, la chute des régimes socialistes a eu des effets notables sur les conceptions du patrimoine dans les villes d’Europe médiane : les héritages antérieurs à 1945 ont été revalorisés tandis que les traces de l’époque socialiste ont été détruites, cachées, oubliées voire refusées, et ce notamment en Roumanie où le régime communiste fut particulièrement autoritaire. En effet, pour la plupart des Roumains, les héritages de la seconde moitié du XXème siècle évoquent un passé difficile et encombrant. Néanmoins, récemment, un changement de regard s’opère sous l’impulsion des architectes, des experts du patrimoine mais aussi des touristes étrangers. Leurs regards peuvent-ils être vecteurs de visibilisation et de patrimonialisation d’héritages jusque-là considérés comme banals (immeubles d’habitation, usines, magasins…) ou au contraire trop chargés négativement (lieux de mémoire douloureuse) ? Quels processus politiques, sociaux et culturels ont mené à l’invisibilisation des traces du passé socialiste dans les villes roumaines, et plus particulièrement à Iași et à Timișoara ? Quels conflits de valeurs opposent experts, touristes et habitants dans leur récente et timide patrimonialisation ?