Ma pratique professionnelle et scientifique m’a montré combien l’habitat rural antique était méconnu dans sa diversité et dans ses composantes. Le débat sur les agglomérations secondaires ont prouvé l’existence du groupement dans l’habitat rural, entre les formes dispersées (fermes, villae) et l’habitat urbain. Les formes les plus modestes de l’habitat paysan groupé restent largement méconnues et même contestées. L’histoire ancienne et l’archéologie rurale restent trop souvent soumises à l’argument d’autorité des médiévistes qui revendiquent la naissance du village. Il manque encore à nos disciplines un corpus lexical descriptif et une modélisation qualitative et quantitative des formes de groupement de l’habitat paysan. La géographie rurale dispose de ressources qu’il faut se réapproprier et adapter aux contextes protohistoriques et antiques. Les fondateurs et artisans de la géographie humaine française ont exploré et théorisé le système de peuplement rural : Jean Bruhnes, Albert Demangeon, Pierre Georges, René Lebeau et autres. C’est paradoxalement à un géomorphologue, Jean Tricart, professeur à l’université de Strasbourg (1920-2003), et à son Cours de Géographie humaine, I, L’habitat rural (CDU), que j’emprunterai un certain nombre d’outils analytiques de description et d’interprétation de l’habitat paysan groupé, synthétisés à partir des leçons de ses collègues.