Les deux grandes épopées indiennes anciennes, le Mahābhārata et le Rāmāyaṇa, mettent chacune en scène un conflit armé, reflet d’une crise cosmogonique majeure, puisque l’ordre du monde (dharma) est menacé. A cet effet, dieux et démons s’incarnent sur terre sous différentes formes. Les récits contiennent de nombreux épisodes de transgressions qui participent, avec plus ou moins de force, au déroulé du récit. On questionne ici les motifs communs et différents de transgressions entre ces deux épopées, sur leurs natures et leurs actants, à travers quelques exemples déterminants des trames narratives principales des récits. Le début des épopées interroge ainsi la relation du ou des héros au dharma, et leur aptitude à le respecter, ou non. Vient ensuite la transgression envers l’héroïne, l’épouse du/des héros, nœud tragique du récit, avant la résolution du conflit sur le champ de bataille, nouveau lieu potentiel de transgressions, où le sort du dharma se joue. Dans ce contexte, destin (daiva) et temps (kāla) apparaissent comme des grands architectes de ces récits, on observe aussi leur implication sur la nature et l’ambiguïté de certaines fautes.