Le propos de cette postface, qui clôture un volume recueillant — en traduction italienne — les textes les plus représentatifs écrits par Gide sur l’Europe accompagnés d’un inédit, est de définir trois mots qui sont indispensables pour comprendre sa réflexion sur le sujet, à savoir « individu », « communauté » et « masse ». Pour ce faire, la réflexion se base sur des considérations sur ces trois idées que Gide note dans son Journal (dont plusieurs desquelles il puise ensuite pour formuler ses écrits sur l’Europe) et se focalise sur les deux principes fondamentaux autour desquels s’articule son européanisme. Le premier concerne l’ordre hiérarchique (et donc croissant) que Gide établit entre les questions politiques, sociales, morales et esthétiques, problèmes qui l’intéressent tous mais qui chez lui sont subordonnés les uns aux autres et ne peuvent donc pas se comprendre pleinement si pris singulièrement. Cela permet de mettre en avant le deuxième axe informant son idée d’Europe à savoir le principe moral de l’individualisation, que Gide formule en puisant des Évangiles et qui continue de nourrir sa pensée sociale et politique même à l’époque de son rapprochement du communisme. Cela permet de montrer comment Gide parvient à étendre à l’Europe, qu’il voit comme un ensemble harmonieux de pays gardant tous leurs propres singularités, le même équilibre délicat réglant chez lui le rapport entre « individu » et « communauté » et qui permettent à celle-ci de se distinguer de cet ensemble homologué qu’est pour lui la « masse ».