Gide s’est intéressé à la botanique dès sa jeunesse et jusqu’à la fin de sa vie et, comme l’ont bien montré nombre d’études, dont celle Danièle Moutote (Les images des végétales dans l’œuvre d’André Gide, 1970), cette science est pour lui une source importante d’images qui se trouvent parsemées dans toute son œuvre. Le dialogue avec une spécialiste de botanique proposé dans ces pages reparcourt les éléments fondamentaux de cette présence dans ses écrits fictionnels et non fictionnels : la botanique comme source d’images pour penser et figurer l’évolution corporelle et spirituelle de l’être humain, la portée idéologique qu’elle acquiert chez lui et notamment lors de la « Querelle du Peuplier » l’opposant Barrès et Maurras et tournant autour de la question du déracinement, l’usage littéraire qu’il fait de notions scientifiques telles que celle de « déterminisme », le rapport qu’il établit entre la posture de l’écrivain et celle du botaniste, les connaissances acquises pendant ses voyages et à travers ses lectures, ainsi que le lien entre botanique, morale et esthétique qu’il construit au fil des ans. De ce croisement de perspectives, la connaissance approfondie que l’écrivain a du monde végétal émerge sous un regard nouveau. En ressortent aussi des « fautes » (pour le dire avec un mot qu’il utilise contre Barrès et Maurras) commises par Gide dans l’usage de notions botaniques lorsqu’il les réinvestit dans ses écrits, mais en les conformant à sa pensée.