Exploitation des résultats du Lidar autour de la Mine des Anglais (Massiac, Lubilhac ; Cantal, Haute-Loire). Rapport de prospection thématique (2020-2021)
Résumé
L’opération de prospection qui a eu lieu entre 2020 et 2021 s’est divisée en deux phases. La première s’est concentrée sur l’analyse des données du Lidarchéo, réalisé en 2016 par le CRAIG, dont une fenêtre était centrée sur la Mine des Anglais. Cette dernière s’étendait sur 24 km2 sur les communes de Massiac, Lubilhac, Grenier-Montgon et Espalem. Les données rendues publiques en 2018 permettent désormais d’obtenir une image du microrelief d’une zone densément boisée. L’objectif de la seconde phase était de caractériser d’autres exploitations minières anciennes et de vérifier sur le terrain les anomalies révélées par le Lidar, notamment des structures minières, grâce à une prospection pédestre. Cette superficie, trop grande pour être appréhendée en une seule année, a été divisée en microfenêtres. À cause de la pandémie de Covid 19 et des difficultés de déplacements hors des confinements, nous n’avons prospecté que 3 des 5 microfenêtres délimitées et des parcelles en prairie et labourées. Cette opération s’inscrivait dans le cadre de mes travaux de thèse (Calbris 2022). Cette dernière a pu bénéficier des analyses du Lidar et des résultats des prospections. La question de la production minière comme ressource utilisée au cours de l’Antiquité était un des axes de ma recherche afin de mieux comprendre le peuplement dans la moyenne montagne arverne. Exploité pendant l’Antiquité pour son plomb argentifère, le filon de la Minayre, appelé plus communément la Mine des Anglais, a la particularité d’avoir un fort taux de minerai métallique. Plusieurs exploitations antiques dans le Nord-Est du Cantal et le Nord-Ouest de la Haute-Loire ont été révélées mais les travaux sur ces sites n’ont pas été poursuivis. Pourtant, il s’agit d’un des aspects prégnants de l’économie antique de ces espaces de montagne sur lequel il semble donc nécessaire d’approfondir les recherches. Grâce au Lidar de 2016, il est possible d’obtenir plus de renseignements sur les structures minières de surface, qu’il faut toutefois confirmer par un retour sur le terrain. La prospection pédestre demandée devait permettre de répondre à différentes questions : est-ce que les anomalies vues à partir du Lidar se retrouvent en forêt ? Sont-elles identifiables ? Peut-on déterminer une chronologie relative des travaux miniers ? Il s’agit là d’une opportunité, grâce aux nouvelles données, de poursuivre les recherches sur le thème de l’archéologie minière antique dans la moyenne montagne arverne. La prospection a permis de couvrir 78 ha, dont une cinquantaine en terrain boisé, au sein desquels il a été possible de retrouver sur le Lidar une partie des 130 galeries et des 117 tranchées recensées. Presque tous ces travaux miniers ont été étudiés dans les années 1990 par C. Vialaron qui avait fait le relevé des galeries (Vialaron 1999). Grâce à un travail en archives, il avait retracé l’histoire du district minier de Massiac-Lubilhac et des différentes concessions qui sont accordées. Le pic de l’activité minière date de la fin du XIXe siècle. En revanche, peu de mobilier a été découvert lors des prospections et toutes les galeries vues au cours de la phase de terrain sont de l’époque contemporaine. D’autres structures ont pu être reconnues par le Lidar et la prospection, notamment une maison encore en élévation dans les bois, des enclos et des murs. En revanche, une des microfenêtres, centrée sur un versant présentant un ensemble parcellaire sous couvert forestier, n’a pas pu être prospectée. Il s’agit peut-être de parcellaires de l’époque moderne ou du début de l’époque contemporaine. Ceci montre une fossilisation des formes agraires récentes dans le paysage et qui n’ont pas subi de remaniement cadastral. Ces éléments pourraient servir de fondement à une analyse historique et archéologique des pratiques agraires modernes et contemporaines à la frontière entre le Cantal et la Haute-Loire qui pourrait être dirigée par un historien spécialiste de ces périodes. Calbris M. (2022) Dynamiques du peuplement et formes de l’habitat dans les monts du Cantal et le sud du Cézallier à l’époque romaine (Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme). Essai d’archéologie de la moyenne montagne. Mémoire de thèse de Doctorat d’archéologie sous la direction de Frédéric Trément. Clermont-Ferrand : Université Clermont Auvergne. Vialaron C. (1999) Un gisement célèbre en France : la mine d’antimoine de Daü (Haute-Loire). La concession pour antimoine de Lubilhac, canton de Blesle. Le Puy-en-Velay : C. Vialaron.