La communication explore l'une des situations initialement théorisées par Jason Mittell via la notion de "character overhaul" : la réinitialisation de l'identité du personnage (dans "Buffy contre les vampires" et "Angel"). Ce travail déplie les enjeux d'ordre figuratif et actoral des réinitialisations identitaires selon qu'elles soient "totales" (une nouvelle identité émerge soudainement, façon "plasticité destructrice" selon Catherine Malabou) ou bien fondées sur une image archétypale (celle de l'adolescence, façon "régression" selon Freud, avec son lot d'"objets expressifs" renouvelant le répertoire gestuel des acteurs). Nous voyons ensuite que la réinitialisation, pensée comme l'une des formes possibles de character overhaul, se trouve être un levier à la construction de la "mémoire sérielle". Ce travail distingue alors la mémoire du public (celle des événements passés diégétiques) de la mémoire figurative de la série TV elle-même lorsqu'un personnage redevient tel qu'il était quelques saisons auparavant. Ce faisant, l'identité passée se manifeste anachroniquement dans le présent via le répertoire gestuel précisément élaboré par l'acteur. Enfin, les analyses étant fondée spécifiquement sur des intrigues formulaires, nous concluons l'étude par la distinction entre le récit feuilletonnant produisant perpétuellement un passé diégétique (plus ou moins connu du public en fonction de son assiduité et de sa mémoire personnelle) et la "mémoire figurative sérielle" qui est ici construite au niveau de l'épisode par un "remontage" du passé diégétique. Ainsi, la réinitialisation identitaire y finalement analysée comme la présentation figurative du passé diégétique par un remontage du temps d'ordre actoral.