Les dimensions de temporalité, de spatialité et de corporéité dans la prise en charge clinique des adolescents en service pédopsychiatrique.
Résumé
Lors de mon expérience clinique en service pédopsychiatrique de crise, j’ai pu percevoir l’importance du corps à l’adolescence, un corps propulsé au-devant de la scène. Ce dernier peut devenir le théâtre des changements et des modifications pubertaires, mais aussi une voie d’expression d’un vécu, d’une histoire. En effet, l’espace corps peut être mobilisé comme support d’expression de la souffrance de l’adolescent (tentative de suicide, scarification, brûlure, trouble du comportement alimentaire). Dans ces cas, une hospitalisation complète peut s’avérer nécessaire pour l’adolescent. Cette « parenthèse » permet de rompre temporairement la multiplicité des sollicitations de l’environnement extérieur, amorce une distanciation qui offre à l’adolescent l’opportunité de se (re)centrer sur sa temporalité psychique. Alors, dans le temps impartie de l’hospitalisation brève, la gageur est de proposer que cet espace concours à apaiser l’adolescent durant cette phase clinique aiguë. De ces constats, nous avons été amené à repenser le cadre thérapeutique. C’est ainsi qu’éclos le groupe « atelier création » sur l’unité, dont l’enjeux est d’offrir un espace qui accompagne les adolescents dans le passage de la mise en acte auto-agressif sur le corps à une mise en mot, en tenant compte de la temporalité restreinte de l’unité de crise. Cette communication se donne pour objectif d’illustrer, à partir des productions d’une adolescente en atelier création, comment le triptyque de temporalité, de spatialité et de corporéité peut-il constituer à la fois un axe de travail thérapeutique, mais aussi, un indicateur d’analyse clinique.