Le site de Piechegu (Bellegarde, Gard) fouillé par l'Inrap en 2016, a livré, entre autres, 140 structures s'échelonnant entre le VI e et le IV e millénaire avant notre ère. Parmi les vestiges funéraires néolithiques, qui témoignent surtout de la pratique de l'inhumation, une sépulture secondaire à crémation a été découverte ainsi qu'une trentaine de fosses datées du Néolithique moyen 2. La structure 3614, datée entre 4250 et 4000 avant notre ère, contenait des restes humains calcinés accompagnés d'un mobilier constitué de onze récipients en céramique, neuf armatures, deux lames de hache et un objet en bois. Si les différents types d'objets représentés ne se démarquent pas de ce qui est connu par ailleurs dans la région, leur nombre est plus surprenant et fait de FS3614 une des plus riches sépultures du Néolithique moyen du Midi de la France, tout type de traitement des défunts confondus. De plus, la disposition des objets dans la sépulture n'est pas aléatoire et témoigne d'une véritable mise en scène impliquant des tris sur le bûcher. La pratique de la crémation est attestée dans le Néolithique moyen méditerranéen depuis les découvertes du Vallon de Gaude à Manosque et du Camp del Ginebre à Caramany dans les années 1990. Avec une trentaine d'occurrences, ce type de traitement des corps peut être considéré actuellement comme l'une des composantes du système funéraire du Néolithique moyen méditerranéen. Cela nous conduit à poser la question du statut des défunts qui ont bénéficié de ce traitement à une période où peu de morts bénéficient d'un enfouissement.