Ce chapitre montre, à travers l’étude des usages du lit dans les centres d'hébergement pour demandeurs d’asile en Roumanie, comment des objets banals sont investis d’un sens politique et deviennent des instruments de pouvoir dans des univers institutionnels destinés à contrôler les exilés. Dans un pays longtemps fermé aux migrations, la production de la politique d’asile repose entre autres sur la constitution d’un dispositif matériel dans lequel « l’objet lit » tient une place spécifique. Les usages sociaux de cet objet par les deux principaux groupes d’acteurs en présence (les demandeurs d’asile et les policiers) révèlent comment l’objet sert à la fois au contrôle des uns (les demandeurs d’asile) par les policiers et à la protection de soi par les exilés. Le lit est ainsi outil de production et vecteur d’une catégorie sociale nouvelle dans la Roumanie post-communiste : les demandeurs d’asile.