L’occupation humaine, en particulier précolombienne, de l’archipel antillais s’est concentrée depuis son origine le long de la bande littorale. En raison de la transgression marine holocène, une partie de ce patrimoine archéologique se trouve aujourd’hui submergée. Les premières mises en évidence de ce phénomène remontent à quelques décennies dans la Caraïbe insulaire. C’est surtout la multiplication au cours des dernières années des découvertes fortuites relatives à la présence d’objets précolombiens posés sur le fond ou sur la grève qui a entraîné une prise de conscience et la nécessité du développement d’opérations archéologiques spécifiques. L’objectif de cette communication sera de détailler les différents choix méthodologiques effectués afin d’identifier et d’évaluer ces gisements précolombiens submergés. Pour cela, nous nous appuierons sur différentes études de cas relatives à des opérations menées tant en Guadeloupe qu’en Martinique et tout particulièrement sur les travaux réalisés à la fin de l’année 2022 en Martinique. En effet, l’opération menée en particulier sur le site de Fond Banane nous apparaît tout à fait significative en termes de stratégie développée sur le terrain. De plus, les résultats de cette campagne d’évaluation vont participer à une recherche plus large visant à mieux documenter, tant la vitesse de remontée du niveau marin, que les mécanismes de constitution de ce type de gisement. Ce travail réalisé dans le cadre d’un doctorat a pour ambition de poser les bases d’un modèle prédictif voué à permettre dans le futur, non seulement une meilleure gestion de ce patrimoine archéologique si spécifique, mais aussi son exploitation scientifique raisonnée. L’enjeu de la compréhension de ce processus dans le passé est d’autant plus important qu’une très forte partie du patrimoine archéologique amérindien antillais sera impacté lors des prochaines décennies par la remontée globale du niveau marin et le recul du trait de côte.