La Polynésie française est une ancienne colonie, aujourd'hui collectivité d'outre-mer, qui dispose de sa propre culture politique dont les caractéristiques principales sont un clivage autonomiste-indépendantiste, une vie politique locale animée, une méconnaissance de la vie politique métropolitaine, un rapport de clientèle et une relation affective entre les leaders et le peuple. Dans les discours des hommes politiques polynésiens, deux thèmes étaient régulièrement abordés : l'affaire Pouvana'a a Oopa et les essais nucléaires. Des sujets longtemps « tabu » pour l'État et jugés sensibles par les Polynésiens qui étaient relayés d'abord par l'opposition puis par l'ensemble de la classe politique. C'étaient de véritables zones d'ombre qui gênaient les relations entre la République et la Polynésie française. Mais, la question « Pouvana'a a Oopaa » a été « réglée », en octobre 2018, par la décision de la commission de révision de la Cour de cassation d'annuler sa condamnation à la prison et à l'exil 1 .

Cependant, il reste la question nucléaire à solder. François Hollande reconnaît, le 17 mars 2017, que la relation avec la Polynésie était « entravée, en tout cas qui étaient polluée, par la question du nucléaire » 2 . Il faut dire que les hésitations de l'État sont assez incompréhensibles : les mauvaises manières quant à la prise en charge des victimes et le refus de reconnaître les conséquences des essais vont tendre longtemps les relations entre la Polynésie et la France. Si le Président de la République, Emmanuel Macron, a changé de paradigme, l'incompréhension demeure devant les lenteurs des procédures. Il faut dire que les Polynésiens sont échaudés par tant de promesses non tenues ou détournées.

En effet, ce changement de paradigme réside dans la façon de s'attaquer aux problèmes : c'est désormais, dit le Président de la République, à l'État d'aller vers les victimes et de les aider à finaliser leurs dossiers. Il s'agira d'accélérer les procédures et d'indemniser beaucoup plus largement. C'est, pour reprendre les termes du discours du Président de la République, « la dette à l'égard de la Polynésie » est donc l'espoir de clore ce dossier 3 . Enfin, il s'agira d'ouvrir les archives pour que toute la vérité soit faite. En clair, il faut dire la vérité, ne rien cacher et indemniser pour atténuer, selon les mots d'Emmanuel Macron, « les heures sombres et les morsures de l'histoire » 4 .