Durant le Second Âge du Fer (Ve-Ier siècles av. n. è.), émerge en Europe de l’Ouest une nouvelle forme d’occupation du territoire. L’habitat rural se densifie et se transforme avec l’apparition des « fermes à enclos ». Des différences régionales de longévité des fermes s’observent en France septentrionale, variant de moins de 100 ans à plusieurs siècles. En parallèle, des changements s’opèrent dans les pratiques agricoles et cette voie est explorée pour expliquer les transformations territoriales. L’épuisement des sols est une conséquence inévitable de l’agriculture, car les nutriments absorbés par les plantes ne retournent pas au sol lors de la récolte. La rotation des cultures ou l’utilisation d’engrais sont alors nécessaires pour entretenir la fertilité et garantir la durabilité du système, sans quoi, l’épuisement des sols peut mener à l’abandon des terres. De plus, les propriétés des sols conditionnent les possibilités agricoles et la disponibilité en nutriments. Ainsi, une trentaine de sites de la France septentrionale, répartis dans trois zones aux potentialités pédologiques, aux productions agricoles et aux longévités des occupations différentes (Bretagne/Normandie, Bassin parisien/Centre et Champagne), a été sélectionné pour explorer les pratiques d’amendement des sols cultivés avec quatre céréales (amidonnier, orge vêtue, épeautre et blés nus). La fertilisation au fumier est tracée par l’analyse en δ15N des grains de céréale carbonisés pour explorer les liens entre la fertilisation des sols et la longévité des habitats et des réseaux ainsi que les différences dans les pratiques agricoles concernant les différentes céréales. Sur le littoral, les amendements d’algues, pratique connue pour les périodes modernes et suspectée pour les périodes anciennes, seront explorés grâce aux éléments traces métalliques (ETM).