A l’interface entre terre et mer, les marais côtiers forment des habitats stratégiques dont la dimension patrimoniale est reconnue. Leur forte productivité biologique est à l’origine de nombreux services écosystémiques : e.g., pêche, tourisme, séquestration de carbone. Cependant, ces habitats font face à de multiples pressions et risques liés à l’anthropisation et aux changements climatiques, comme l’élévation du niveau marin et les submersions marines. La conservation de ces milieux est donc cruciale pour en préserver les atouts. Dans ce contexte, nos travaux visaient à questionner l’influence des modes de gestion face à l’aléa submersion marine sur le patrimoine naturel des marais côtiers en ciblant l’ichtyofaune, compartiment biotique clé du fonctionnement de ces écosystèmes. Trois sites des Pertuis charentais, aux caractéristiques contrastées en termes de mode de gestion et d’attrait patrimonial ont été étudiés: le marais salé insulaire de Lilleau des Niges situé sur l’île de Ré, le marais doux urbain de Tasdon situé en périphérie de la ville de La Rochelle, et le marais doux et salé côtier de Moëze-Oléron situé à Brouage. Trois grands volets ont jalonné ce travail. (i) Des inventaires in-situ menés de 2019 à 2021 ont permis de caractériser le lien entre les modes de gestion des marais et leur utilisation par les communautés piscicoles. (ii) Les impacts des modifications des modes de gestion et de la submersion sur la fonctionnalité écologique et trophique des marais pour l’ichtyofaune ont ensuite été étudiés au travers du programme de restauration de la connectivité à la mer du marais de Tasdon et d’une expérimentation de submersion marine en mésocosme semi-naturel. (iii) Enfin, les perceptions les usagers sur la relation entre les marais et les communautés de poissons ont été étudiées au moyen d’enquêtes et d’entretiens semi-dirigés dans le but d’appréhender la façon dont l’ichtyofaune s’intègre dans l’identité patrimoniale du marais.