Les sociétés européennes du passé ont été en contact régulier avec des maladies violentes et ont notamment connu une pandémie, avec la Peste Noire. Cela a profondément marqué les sociétés, la politique et la culture de l'Europe entière jusqu'au XVIIIe siècle. Nombre d'images et de témoignages de ces maux sont parvenus jusqu'à nous et ont influencé les représentations, tant fictionnelles que réelles, de l'impact des maladies sur la période médiévale et sur la première modernité. Les jeux de rôle n'échappent pas à la règle. De Donjons et Dragons à Warhammer, en passant par Pathfinder ou Dungeon Crawl Classics, les univers de jeux de rôle avec un cadre médiéval et renaissant ont dans leur majorité intégré la maladie en tant qu'élément de jeu. Il nous semble alors intéressant de nous demander pourquoi ces maladies, occupant parfois une part non-négligeable des ouvrages de règles, ne sont souvent que très peu présentes ou alors de façon très marginale dans les scénarios et campagnes. Pour répondre à cela, il faudrait d'abord étudier quelles images des maladies sont données dans les univers de jeu de rôle. Ainsi il faudrait s'interroger sur les différentes maladies (si elles sont réelles ou inventées) mais aussi sur l'ensemble de leurs caractéristiques, comme l'incubation (souvent bien plus courte que dans la réalité), les modes de transmissions, mais aussi leur gravité (des afflictions bénignes aux épidémies mortelles) ou leur origine (magique, divine, naturelle, artificielle). En outre, il faudrait s'intéresser à la question des soins de ces maladies. Il faudrait se demander si le fait qu'elles puissent être guéries magiquement n'est pas l'une des fragilités essentielles de cet élément de jeu et appréhender comment les concepteurs de jeux de rôle ont cherché à pallier cette faiblesse (au fil des éditions de Donjons et Dragons ou entre Pathfinder 1 et Pathfinder 2). Enfin, il conviendrait d'analyser les figures de soignants (des personnages non-joueurs aux classes jouables), de la figure du prêtre d'une divinité bienveillante à celle de l'alchimiste en passant par le presqu'inévitable médecin de la peste. Une telle étude ne peut manquer de s'arrêter sur l'un des exemples les plus aboutis de la représentation de la maladie dans un jeu de rôle, à savoir l'épidémie de Voile de Sang de la campagne La Malédiction du Trône Écarlate, dans l'univers Pathfinder, en ce qu'elle montre une réflexion tant sur la question de l'étiologie de la maladie, que sur la thérapeutique ou la gestion politique d'une maladie mortelle et contagieuse.