On ne peut plus dire qu’on ne savait pas !
De 1967 à 1977, Leïla Sebbar a mené une grande enquête publiée en France sur les violences sexuelles et sexistes que subissent les petites filles. Remarqué par la presse de l’époque, l’essai, fondé sur des dossiers judiciaires, des interviews de femmes en prison, des notes de services sociaux dresse un effroyable état des lieux des violences faites aux femmes et aux petites filles. Viols, violences physiques et psychologiques, incestes, pédophilie, négligences, maltraitances, le continuum des violences est décrit, à un moment où celui-ci n’avait pas encore été théorisé, et bien avant les ouvrages post-#MeToo qui ont défrayé la chronique.
Il nous a semblé important de rééditer aujourd’hui cet ouvrage car il constitue un travail essentiel dans l’historiographie des violences sexistes et sexuelles au temps de la deuxième vague du féminisme. Il permet de prendre conscience de l’invisibilisation permanente des violences familiales, domestiques, patriarcales, archaïques qui impactent encore nos sociétés. La lecture de ce livre est bouleversante, mais nécessaire : « tant qu’il y aura sur terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles », pour reprendre la préface des Misérables de Victor Hugo.

Sommaire :
Préface à la réédition de
On tue les petites filles de Leïla Sebbar
- Le contexte de production et de réception
- Un « brulôt », un livre qui dérange
- La réédition : historicisation et relecture du féminisme
- La démarche de Leïla Sebbar et le caractère innovant de son travail

Avant-propos
...C’est l’amour de maman que j’ai besoin

Le roman nourricier
Mauvais traitements, sévices, meurtres

Plus elle frappe, plus l’enfant recrache
- On larde le corps de coups de couteau, partout
- Et puis elle est morte, elle aussi
- En prison, elle tricote pour ses enfants

Elle était tombée sans connaissance
- Là-dessus, on danse le tape-cul
- On l’aimera bien, on la gâtera

Pourquoi on m’aime moins ?
- Tout de suite, elle me traite de traînée
- Le calendrier des postes
- Ma nourrice avait fait mes valises
- Elle porte le nom de son père adoptif
- Ma mère, c’était tout pour moi

Quand vous la verrez, vous aurez envie de la placer
- Je n’admets pas qu’elle salisse la moquette
- Elle me donnait son lait de loin, par tuyau
- Un de ces jours, je vais la faire partir .
- Je voulais mourir. Pour pas qu’il me tue

Tout ça parce que j’étais une fille
- Il veut un garçon, moi aussi
- Une fille, c’est plus mignon à habiller
- Elle m’a jamais fait des baisers, ma mère
- J’ai essayé de tirer sa langue avec mes doigts
- J’ai dit : « Encore une fille… ah ! non »
- Je la voyais dépérir, je voulais plus la voir

Elle lui avait délégué ses pouvoirs pour la corriger
- Les gifles, c’était le seul moyen pour qu’elle aille à la selle
- Il avait eu envie, dès le premier jour, de la frapper
- J’ai tout quitté pour lui, et puis c’est arrivé
- Les deux petits pieds roses

Cette fillette qui avait des allures troubles
- Elle a ça dans la tête
- Grandir sous le regard du père
- Ici, je perds le sol
- Je lui ai écarté les cuisses, assez fortement

Le secret des chambres
L’inceste

Il me considérait comme sa femme
- Mon père a trouvé que je devenais femme
- J’ai vu un garçon qui lui mettait la main au panier : je l’ai giflée
- Deux mots m’ont sauté à la tête : le tuer
- Il achetait du sang et le mettait sur les serviettes
- Vers 13 ans, j’ai un peu compris qu’il profitait de moi
- Il m’a donné un coup de poing… J’ai jamais recommencé

Il m’appelait Marie-Garce
- ... Toutes les filles faisaient ça avec leur père
- Je me suis réveillée avec son sexe dans la main
- La fessée déculottée
- L’orifice anal est souple…
- Son mouchoir dans ma culotte
- Je ne voulais plus qu’on me touche
- Il m’a dit « fifille »…

Elle galope, elle est dure à mener
- De l’autre côté de la rue, c’était la campagne
- Pour lui faire plaisir, elle couche aussi avec ceux qui sont là
- Il rejette un liquide blanc dans un mouchoir
- Je fais des saisons à Cannes, l’été
- La chambre n° 5
- Dans les W.-C. publics
- La leçon de choses
- Tu veux que je te fasse voir comment ça éjacule
- Regarde comment ta mère se fait baiser par l’Algérien
- Pour qu’elles connaissent tout de l’amour

Promenades et jardins
Viol collectif, viol solitaire, pédophilie

Comme dans un roman-film porno
- Moi, je suis un policier moderne
- Une croix gammée marquée à coups de lame de rasoir
- C’est une habituée du square
- Si un mec lui sourit, elle croit que c’est pour sa pomme
- Des mineures qui tapinent, j’en connais plein
- On se la paierait bien à trois… On va l’embarquer
- Les vagabondes

Il s’asseyait sur l’herbe et invitait la fillette à s’étendre sur le dos
- Il lui passait du savon en pâte…
- Quelquefois, j’ai pas envie d’en bas… c’est d’en haut
- Elles se baissaient et je voyais leur culotte
- Un charmant petit slip

Les petites filles sont venues à moi
- Une valise en carton bouilli vert wagon
- Je l’ai initiée à me masturber
- La « psy » m’a aidé à m’assumer tel que je suis

Matériel de travail
Conclusion de la réédition
Bibliographie