En France, le secteur du bâtiment est responsable de plus de 25% de la production de gaz à effet de serre, une part importante de ces émissions survient durant le cycle de vie des matériaux de construction. À lui seul, ce même secteur est également responsable de 70% de la production nationale de déchet (SDES, 2020) ; 80% d’entre eux sont des déchets inertes excavés non dangereux, constitués pour moitié de terre, le reste est composé de gravas et béton. Actuellement, la plupart d’entre eux sont traités et valorisés au mieux sous forme de sous-couche routière ou incorporés à des bétons, mais une grande partie doit être gérée comme un déchet. L’extraction de sables et de graviers en carrière génère également des boues de lavage. Au regard de l’urgence climatique, il est impératif d’entamer des transitions d’envergure en explorant les possibilités de trouver des valeurs ajoutées à ces ressources. Les vertus des matériaux en terre crue, connues depuis des millénaires, et le fait d’être bas carbone et réversible lui donne un nouvel essor depuis quelques années. C’est ainsi que récemment la recherche s’est aussi porté sur les terres de déblai et les boues de lavage qui constituent de nouvelles sources d’approvisionnement possible en matière première. Elles peuvent se substituer aux gravas conventionnels comme les agrégats légers dans le béton les matériaux cimenteux ou encore pour produire des briques cuites. La production de panneaux terre-fibre a aussi été explorée notamment au laboratoire CRAterre. Mais l’expertise de la production à grande échelle se trouve du côté des industriels, avec lesquels il est difficile d’interagir. Cette communication propose d’aborder les méthodologies de recherche mises en place afin de contextualiser les analyses réalisées. Nous exposerons la manière de communiquer les résultats de nos recherches-actions aux professionnel.les de la filière. Nous présenterons les stratégies mises en place sur nos terrains afin effectuer des visites de carrières, de fabriques, ainsi que des entretiens avec des personnes clés de la filière. Mais aussi les techniques d’analyses liées aux boues de lavage (DRX, granulométrie) ainsi que les formulations et procédés (thermocompression) d’obtention des premiers prototypes de panneaux. Le regard que porte la société sur ce déchet est antagoniste à ses propriétés ; les idées reçues font que le caractère salissant, faible et dépassé du matériau influence le grand public alors qu’il en réalité est totalement sain, vertueux et esthétique. Nous présenterons l’état de nos réflexions pour proposer des solutions techniques et organisationnelles nécessaires à la préfabrication de panneaux d’une part et de la structuration de la filière d’autre part afin de faire évoluer les mentalités et aider les différents acteurs de la filière, ce qui est source de motivation et donne du sens à notre travail.