Les aliments transformés de manière industrielle font l’objet de controverses et suscitent de plus en plus d’inquiétudes. Les travaux présentés dans cette communication sont issus d’une thèse de doctorat portant sur la construction sociale des émotions relatives aux transformations alimentaires en France. Que les émotions observées vis-à-vis des transformations alimentaires industrialisées nous apprennent-elles sur le rapport à la technique ? Des données ethnographiques ont été collectées au cours d’entretiens semi-directifs, d’observations de repas et de focus groups. Ces données qualitatives ont été complétées par l’analyse secondaire de données quantitatives. Les aliments « industriels » suscitent l’indifférence, l’angoisse, le dégoût, la colère, la tristesse, mais aussi le plaisir ou la fascination. Ces émotions reposent en partie sur des rapports à la technique et au progrès. La fascination pour les procédés de transformation est caractéristique d’une certaine forme de confiance en la technologie et en la science, tandis que la colère, le dégoût ou la tristesse révèlent un imaginaire des techniques industrielles différentes. Après avoir détaillé les différentes émotions relevées, cette communication s’attachera à présenter le lien entre l’émotion exprimée et une conception de la technique et du progrès, puis à préciser les déterminants sociaux de ces différents imaginaires.