Ce cours propose une approche théorique et empirique, à l'interface entre architecture, urbanisme, anthropologie, géographie et histoire, donnant aux étudiants les moyens de mettre en place des questionnements sur la conception et la production des espaces physiques et sociaux de la ville. Il offre une vision panoramique sur la production de divers dispositifs spatiaux en Asie contemporaine liés à la trajectoire historique des villes et à la rémanence de cultures spatiales héritées, notamment par l'analyse d'articles scientifiques en séance et par l'intervention des chercheurs spécialisés sur l'aire asiatique. L'étude sur les terrains asiatiques, sur l'ailleurs, offre en effet un « changement de cadre qui donne à penser » – en référence à François Jullien (2012). Ce cours vise ainsi à proposer aux étudiants un dépaysement de la pensée qui permet de décentrer le regard pour renouveler des réflexions architecturales et urbaines. En quoi les modes de fabrication asiatique pourraient-ils alimenter voire renouveler la manière de concevoir et de fabriquer la ville en Europe ? Les territoires urbains d'Asie sont abordés suivant trois thématiques complémentaires. La première porte sur les modèles urbains fondateurs des « villes végétales » qui se doivent d'intégrer une dimension paysagère liée à l'eau et à la végétation et fonctionnent comme un écosystème. La deuxième thématique concerne les mutations et les recompositions rapides liées à la mondialisation qui affecte les formes architecturales et urbaines. Cela introduit la troisième thématique concernant les persistances socio-spatiales locales qui se traduisent par des adaptations de modèles urbains hérités ou des appropriations et des conformations de dispositifs nouveaux, selon des modèles et des pratiques intériorisés par les acteurs (habitants, usager et hommes de l'art), qui renouvellent la matérialité de la ville et ses usages, contribuant ainsi à l'élaboration d'expressions originales d'une modernité contextualisée – bien souvent source d'invention et d'innovation.  Les perceptions et les pratiques quotidiennes des habitants, leurs diverses manières d'habiter et d'entretenir des rapports avec les composants d'un territoire (eau, sol, faune et flore, génies protecteurs du territoire…) sont traitées comme questions transversales entre les thématiques. Les habitants ou « l'homme ordinaire », par opposition à l’expert – au sens évoqué par Michel de Certeau (1990) – sont considérés ici comme acteurs importants de la production urbaine, en considérant leurs capacités d'agir (adaptation, auto-organisation, auto-construction), leurs facultés de conservation, de gestion du divers et de l'hétérogénéité. Une attention particulière est accordée aux façons dont la ville est pratiquée, appropriée et défendue par les habitants, ainsi qu'aux politiques de la vie quotidienne. Ce cours est fondé sur l'idée que les rôles de l'architecte de demain nécessitent une prise en compte des ressources du milieu (savoir-faire, manières de faire et héritages locaux) dans son approche des territoires.