Le site archéologique de Pincevent, situé en Seine-et-Marne, est un campement préhistorique de plein air, aujourd’hui fouillé depuis presque 50 ans, et ayant permis d’apporter un éclairage nouveau sur les pratiques des populations magdaléniennes y ayant résidé il y a 13 000 ans. Néanmoins, le cas des matières organiques, peu souvent repérées lors des fouilles lorsqu’elles n’ont pas totalement disparu, reste problématique alors qu’elles permettraient d’apporter des informations pertinentes et essentielles pour la compréhension des modes de vie et du fonctionnement des groupes humains du passé, qu’il s’agisse de leurs pratiques alimentaires, prophylactiques, artisanales voire artistiques. L’application de méthodes connues d’analyse de composés organiques pourrait permettre de compléter ou mettre en perspective les interprétations des archéologues. Cette présentation s’intéresse ainsi à l’utilisation possible de HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) comme marqueurs de structures de combustion préhistoriques (foyers), ainsi qu’à la possibilité d’extraire et d’identifier des résidus de matières organiques piégés dans les porosités des outils lithiques qui seraient les témoins des activités humaines passées. L’accès aux informations que pourraient apporter ces résidus est conditionné par la mise en place de protocoles fiables pour la récupération des résidus organiques, pour leur conservation, ainsi que pour la séparation et l’identification des molécules les constituant. Afin de prendre en compte les particularités des dépôts sédimentaires qui contiennent et scellent ce campement de plein air paléolithique, des expérimentations sur le site même ont été menées : ces expérimentations reproduisent des utilisations réalistes d’outils en grès de Fontainebleau et en silex pour le travail de différentes matières organiques, d’origine animale (graisse animale, cire, os) ou végétale (exsudats, écorce, matière ligneuse, champignon). Les outils lithiques utilisés ont ensuite été enfouis sur place afin d’observer l’influence de l’enfouissement sur la dégradation des résidus produits lors du travail de ces matières et la possibilité d’identifier par la suite les matières utilisées par extraction et analyses séparatives et moléculaires.