La Chine constitue le premier foyer émetteur du tourisme international aussi bien en termes de recettes que du nombre d’individus, et ce, depuis 2013. Conscientes de l’importance de ce marché au sein d’un secteur contribuant à près de 10 % du PIB mondial, les autorités du pays cherchent à instrumentaliser ces flux en partance du territoire pour accroitre la sphère d’influence de la Chine. Si cela fonctionne auprès de pays en voie de développement, souvent insulaires et/ou pour lesquels l’imaginaire touristique était encore à construire, les grandes destinations du tourisme international semblent moins donner prise à ce type d’instrumentalisation. En France par exemple, on observe que les pratiques des touristes chinois tendent à s’individualiser et que ces visiteurs semblent de plus en plus en quête d’expériences immersives et personnalisées. Dans cette contribution, nous cherchons à élucider cet apparent paradoxe : comment expliquer l’autonomisation croissante des touristes chinois, alors que l’État-Parti a toujours cherché à contrôler les flux émetteurs de la Chine ? Nous tenterons de répondre à cette question à partir du cas des lunes de miel en France et verrons que les touristes chinois conservent une marge de manœuvre grâce à des représentations préexistant aux récits construits par le Parti, mais aussi grâce aux apprentissages qu’ils opèrent au gré de leurs mobilités.