Loi Climat et Résilience, lois EGalim, réglementation nutritionnelle, inflation, manque de personnel : les agent·es de la restauration scolaire déplorent des contraintes croissantes. Qu’iels travaillent dans des communes encadrant étroitement leur travail – par exemple par une centrale d’achat ou l’emploi d’une diététicienne – ou dans des cuisines plus indépendantes, iels sont ainsi parfois amené·es à préparer des repas qui ne sont pas à leur goût, voire qu’iels ont « honte » de servir. Sur la base d’une enquête sociologique en cours dans deux restaurants scolaires, l’un dans une petite commune rurale du Rhône et l’autre dans un groupe scolaire parisien, nous montrerons comment les agent·es tentent de concilier une pluralité de normes alimentaires auxquelles iels n’adhèrent pas systématiquement. Comment encourager les enfants à goûter un plat végétarien qu’on a soi-même refusé de manger lors du repas du personnel quelques minutes auparavant ? Que faire des fruits et légumes livrés avant maturité ou abîmés ? Ces problèmes quotidiens révèlent la complexité de la position des professionnel·les qui préparent et servent les repas dans les écoles, intermédiaires entre les politiques alimentaires nationales et municipales et l’appréciation immédiate – et parfois très franche – des enfants et adultes qui y déjeunent.