Durant les dernières décennies, de nombreuses études ont permis de mettre en évidence l’impact de nos pratiques sur la biodiversité entomologique. Les pratiques humaines pouvant favoriser une niche trophique aux dépens d’une autre, les insectes peuvent par exemple, être sensibles aux défrichements, aux modifications de pratiques et de gestion des ressources agricoles ou encore à l’introduction d’insectes invasifs qui accompagnent les réseaux commerciaux. Bien que les conséquences de nos pratiques modernes soient plus tangibles que sur un temps plus long, il est possible d’étudier l’impact anthropique sur différentes échelles de temps avec l’étude des restes d’insectes provenant de sites archéologiques. L’archéoentomologie est une discipline qui permet d’obtenir, grâce à l’exosquelette des arthropodes, notamment les coléoptères, particulièrement résistants à la décomposition, des informations aussi bien sur les caractéristiques du milieu (bioindicateurs des paléo-environnements) que sur son évolution sous l’influence des pratiques humaines. L’étude présentée concerne la fin du second âge du Fer (-130 – 25 BC). Cette période de transition est marquée par l’apparition de nouveaux outils agricoles et de nouvelles méthodes de culture qui vont favoriser une intensification des productions et des échanges commerciaux (HORARD-HERBIN 1997) dans un contexte d’essor démographique. L’objectif de cette étude est de (1) décrire les populations anciennes et, en fonction des différents traits fonctionnels représentés, de (2) documenter les pratiques humaines. Ces travaux s’appuient sur une stratégie combinant d’une part, l’identification morphologique des vestiges d’insectes accompagnés des méthodes de l’écologie des populations, et d’autre part sur la paléogénomique à partir de l’ADN sédimentaire ancien. Les premiers résultats ouvrent des perspectives intéressantes. D’une part, le développement méthodologique permet d’obtenir deux regards différents sur un même contexte archéologique. Et d’autre part, cette approche permet aussi bien d’informer sur les modes de production agricole que sur leurs conséquences, à court ou à long terme, quant au fonctionnement des écosystèmes tout en approfondissant notre compréhension de la dynamique des relations entre la biodiversité et les pratiques humaines.