« Il nous faudra imaginer une mémoire offensive ayant la force d'explosion et de projection d'une arme nucléaire capable de briser les préjugés millénaires » : telle est la proposition de l’écrivaine Louky Bersianik en 1982. Elle rend compte d’une réflexion partagée par un certain nombre d’autrices de l’un des derniers moments d’avant-garde de la littérature française et québécoise. Leurs textes peignent l’utopie, la terreur, la volonté de « briser » une culture patriarcale délétère, tout en souhaitant refonder de nouvelles formes d’humanisme, clamant surtout « mort à la Mort ! » pour reposer les bases d’un monde meilleur, situé à mi-chemin de l’utopie et de la dystopie. Leurs textes travaillent une oscillation entre utopies d’un futur féministe espéré et mises en scène d’un « terrorisme littéraire » qui questionne et critique son histoire comme ses modalités.