Notre présentation examine les implications et les significations socio-religieuses de l'enterrement massif des morts du Grand tremblement de terre de l'Est du Japon. Le 11 mars 2011, des vagues géantes ont englouti le littoral du Pacifique, faisant 19 765 victimes et 2 553 disparus. Le premier défi auquel les équipes d'urgence ont été confrontées fut le manque d'installations pour accueillir et traiter un nombre impressionnant de corps. La ville d'Ishinomaki, par exemple, a dû faire face à plus de 3 000 cadavres récupérés en l'espace de quelques jours. Le deuxième problème était le manque de capacité à effectuer les crémations coutumières, adoptées par la grande majorité des japonais depuis le début du 20eme siècle. De nombreux crématoriums sont tombés en panne et certains manquaient de carburant et d'autres fournitures nécessaires à la crémation. Le gouvernement central de Tokyo a donc autorisé les autorités locales à construire des fosses communes temporaires où les corps étaient enterrés sans être incinérés. Nos recherches révèlent que cette expérience reste traumatisante à la fois pour les proches des défunts, le personnel en charge et la société dans son ensemble. Enfin, nous discutons des opinions selon lesquelles, même avec une meilleure gestion du processus d'enterrement, l’enterrement du mort entier (sans incinération) est irréversiblement intolérable pour la société japonaise.