En France, l’école se veut inclusive physiquement, socialement et pédagogiquement pour tous les élèves (Thomazet, 2008). Cependant, les enseignants peuvent se retrouver en difficulté : manque de ressources adaptées, de formation et charge supplémentaire de travail (Lavoie et al. 2013). Ne pouvant atteindre l’idéal inclusif, une « vulnérabilisation identitaire » peut survenir chez l’enseignant et aboutir, inconsciemment, à l’exclusion pédagogique de l’élève en situation de handicap (Ployé, 2018). Les règles européennes Facile à Lire et à Comprendre (FALC) ont pour objectif de rendre l’information accessible à tous (Inclusion Europe, 2009). Contrairement à la France, certains pays les utilisent dans le milieu scolaire pour motiver et donner confiance aux apprenant afin qu’ils participent aux activités éducatives (Bredel & Maaß, 2016). Le FALC pourrait-il donc être un moyen pertinent pour aider les enseignants à favoriser l’inclusion ? La question est d’abord de savoir si le FALC est connu et/ou utilisé par les enseignants afin d’étudier, en suivant, son impact comme un moyen d’inclusion scolaire. Dans notre étude préliminaire, un questionnaire en ligne a été diffusé à destination des enseignants en école élémentaire. Au total, 499 enseignants ont répondu. Seul 9% connaissent le FALC dont 20% qui l’utilisent et 64,5% qui aimeraient une formation. Parmi ceux qui ne le connaissaient pas, 85% lui trouvent un intérêt et 46% aimeraient une formation. Les enseignants, utilisant le FALC, le proposent selon les difficultés ou le handicap des élèves. Ils l’appliquent majoritairement pour adapter des textes de lecture, simplifier les consignes ou la mise en page et expliquer le vocabulaire. Ces enseignants se basent donc sur les règles FALC et se les approprient pour rendre accessible leur enseignement. Ceux qui ne l’appliquent pas, avancent un manque de connaissance des règles et de leur application ou un manque de temps. Une formation au FALC pourrait être un levier pertinent pour aider ces professionnels à l’inclure dans leurs pratiques. Notre enquête a également mis en évidence l’existence de freins à l’usage du FALC. Ceux qui ne connaissaient pas le FALC ont peur d’une simplification des contenus ou d’un nivellement par le bas et ceux qui le connaissaient mais ne l’utilisaient pas redoutent une charge supplémentaire de travail. Ces premiers résultats soulèvent une interrogation : Quelle est la part d’éthique dans une inclusion qui dépend des possibilités des enseignants (temps, ressources, motivation) pour faire face à des problématiques auxquelles ils ne sont pas formés et qui aboutit à des inégalités de prise en charge d’une classe à l’autre ? Ainsi le FALC, basé sur des règles adaptables à chaque élève, pourrait, sous couvert d’une formation générale et d’une adaptation aux pratiques d’enseignement, être un outil pour aller vers une inclusion plus éthique. La suite de notre travail s’intéressera à l’appropriation du FALC par les enseignants en école élémentaire.