La situation des directeurs d'hôpitaux pendant l'épidémie du Covid-19 représente un bon exemple de posture normative en crise : comment continuer à être légitime - donc à porter de manière exemplaire la définition du bon travail, dans la relation dyadique qui noue les employés à l'employeur, lorsque le référentiel que l'on porte - celui de l'économie face au soin - est contesté ? L'étude empirique, fondée sur l'analyse des mémoires des aspirants directeurs montre comment les membres de ce corps réagissent à cette contestation. Trois attitudes sont mises en évidence : la négation, la réappropriation des critiques qui modifie la posture pour que la norme conserve son intégrité et la transformation de la posture normative dans son intégralité, au risque de remettre en cause l'existence même des directeurs d'hôpitaux telle que définie par l'autorité - le représentant des employeurs pour gérer les employés. Dès lors, que peut-on apprendre de cet exemple ? Trois leçons principales semblent émerger de notre cas : d'abord le lien entre posture normative et légitimité semble essentiel et mutuellement constitutif. Ensuite, face à la critique, la posture peut se modifier pour sauver la norme, ce qui signifie qu'une norme peut être portée par plusieurs postures. Enfin, le porteur de la norme apparaît autant normé que normalisateur par la posture. Dès lors, son affranchissement individuel occupe une place décisive dans le processus normatif auquel il appartient et entr'ouvre la porte à une forme d'émancipation plus collective.