Les systèmes anthroponymiques peuvent être très divers dans le monde, combinant un nombre plus ou moins important d’éléments. Cependant, pour qu’il fonctionne, un système doit posséder deux caractéristiques fondamentales : des éléments personnels signifiants, disant quelque chose du porteur, et des marqueurs de lignée. Les noms uniques du haut Moyen Age possédaient ces deux attributs. Il s’agissait de noms composés, à la fois marqueurs individuels et marqueurs familiaux. Au XIe siècle, l’adoption des noms entiers, la réduction progressive du stock onomastique et la généralisation du baptême des nouveau-nés rompirent l’équilibre antérieur. Témoins de leur époque, les noms de baptême devinrent les marqueurs privilégiés des liens du compérage. L’adjonction de surnoms, autres noms ou sobriquets, compensa la dépréciation du marqueur individuel. Par ailleurs, les mentions de filiation ou de liens de parenté suppléèrent à la perte du marqueur de lignée. Au XIIIe siècle, la stabilisation et la transmission progressive des surnoms leur conféra le statut de marqueurs de lignée, ce qui nécessita une nouvelle adaptation du système anthroponymique afin de renforcer les éléments personnels. Elle se réalisa par la multiplication des formes hypocoristiques des noms de baptême. Le système anthroponymique à deux éléments est né au XIe siècle de la nécessité de rétablir des marqueurs individuels et familiaux dans la dénomination des individus.