Projet d’opération programmée sur la ferme du Mesnil à Grisy-Suisnes (Seine-et-Marne), associant prospection aérienne par drone, prospection avec matériel spécialisé et sondages, ce projet scientifique est à ancrer dans le travail continu de l’équipe archéologique depuis 2018. À l’écart du réseau viaire principal de l’Antiquité, cette partie de la Brie et de la vallée de l’Yerres est un secteur relativement mésestimé, entre un Plateau de Sénart densément peuplé à l’époque romaine et la Brie boisée au Nord-Est. Par ailleurs, la villa du Mesnil, située au Sud-Est de la cité des Parisii, s’avère être l’un des édifices reconnus les plus importants des élites terriennes de ce territoire, comparativement aux rares établissements ruraux découverts, à « La Couture » (Combs-la-Ville, Seine-et-Marne) et à « L’Arpent-Ferret » (Servon, Seine-et-Marne). Ainsi, l’objectif est de replacer la villa au sein d’un micro-terroir autour de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne) en profitant de l’originalité de cet établissement rural antique résidant dans sa superposition singulière avec une ferme de l’époque médiévale. Des cas exceptionnels de ce type sont documentés en Seine-et-Marne ; aucun n’a bénéficié de recherches des vestiges enfouis. Les recherches préliminaires ont mis à plat les données existantes. Le vaste projet documentaire, relativement long (2018-2021), apparaissait comme le préalable à tout éventuel programme scientifique. Dans le cadre de la contextualisation des données anciennes et de l’évaluation des vestiges encore en place, en 2023, le recours à une nouvelle approche non invasive a permis d’enrichir la connaissance du site et d’opérer des choix stratégiques. Il s’agit d’une prospection géophysique pouvant détecter des structures enfouies qui n’apparaîtraient pas sur les clichés aériens. La carte géophysique à but archéologique constitue un outil scientifique complémentaire aux sondages. La plupart des anomalies géophysiques trouvent leur pendant dans l’interprétation des photographies aériennes. Les autres semblent sortir du cadre de ce plan. Bien que lacunaires, elles pourraient apporter des indices de vestiges non répertoriés. Et les résultats indiquent un fort arasement des structures archéologiques où seules celles les plus fortement fondées sont visibles. Quant aux trois sondages, l'objectif était de détecter le niveau d'apparition des structures, le degré de conservation et la puissance stratigraphique. Les résultats permettront de définir les moyens à mettre en oeuvre pour un projet de recherche pluriannuel. Par ailleurs, le sondage en façade extérieure a intégré la recherche d'éléments anciens liés à la ferme actuelle (tranchée de fondation, massif de fondation, fondation sur les vestiges de l'Antiquité, fossé, etc.). L'analyse stratigraphique s’est faite aussi avec la méthode de l'archéologie du bâti : photogrammétrie commentée de la façade et phasage général du bâtiment. Les deux parcelles sondées ont révélé des vestiges de murs de la partie résidentielle de la villa. Les sondages ont fait apparaître une stratigraphie générale au moins des périodes récentes, époques moderne et contemporaine. Elle se compose d’une couche de terre végétale, surmontant un niveau de remblai épais constitué lors de la réfection de la toiture, information du propriétaire, au-dessus du niveau ancien du jardin du XIXe siècle. En conclusion, l’opération d’archéologie programmée, tout en ayant enrichi la documentation scientifique et les mobiliers archéologiques, a permis la mise en évidence des niveaux archéologiques, notamment l’occupation antique et la juxtaposition des vestiges de diverses époques. Les recherches archéologiques menées ont livré de nombreuses informations nouvelles sur le développement de la villa et la ferme du Mesnil.