Le corpus des réécritures tragiques consacrées aux XVIIe et XVIIIe siècles à l’épisode mythologique de la vengeance d’Atrée montre un processus d’édulcoration du sang au profit de la coupe, d’autant plus intéressant qu’il demeure globalement absent des paratextes à visée théoriques. L’étude montre que la coupe et son contenu suscitent l’effroi bien davantage par les imaginaires qu’ils mobilisent que par ce qu’ils donnent à voir effectivement. Cette édulcoration du représenté s’accompagne d’une réflexion sur la représentation : travesti pour les nécessités de l’intrigue et transformé par les œuvres, le sang devient le vecteur d’une interrogation sur les transformations de la matière induites par la fiction théâtrale. Ces tragédies proposent une forme de célébration du théâtre en une eucharistie inversée dont la matière se métamorphose continûment sous les yeux des spectateurs.