Cet article s'inscrit dans le cadre d'une recherche collective sur les rapports entre droit et colonisation qui visait à démontrer la force de l'influence des discours politiques coloniaux dans l'ordonnancement des normes et règles de droit dans les États aujourd'hui décolonisés. Or, le régime international d'exploitation des ressources naturelles n'est pas étranger à cette problématique. S'il est vrai que la ressource pétrolière en est l'illustration la plus évidente, la biodiversité n'a pas échappé à l'application des lois du marché. Texte aux objectifs extrêmement larges, la Convention sur la diversité biologique adoptée le 5 juin 1992 est à l'origine de ce renversement de perspectives. Dans une logique marchande qui rend compte de cette nouvelle "économie de la biodiversité", les droits de propriété intellectuelle deviennent, de ce fait, des outils au service de la conservation de la nature. Cette nouvelle conception, davantage attachée à l'extension des droits privés qu'à celle du bien commun, invite donc à repenser notre relation à la propriété en gardant présent à l'esprit que la généralisation de l'appropriation privée n'est pas systématiquement garante d'une meilleure conservation de la biodiversité ni d'une participation plus équitable des populations locales.