Au tournant du XXe siècle, l'École du Bengale s'inscrit dans une démarche visant à ériger une nouvelle modernité en puisant dans les traditions artistiques indiennes occultées par la domination coloniale anglaise. Sous l'égide du peintre Abanindranath Tagore (18711951), cette école se constitue en réaction à l'enseignement artistique occidental dispensé dans les écoles d’art mises en place par le Raj britannique. Expression artistique des mouvements nationalistes qui mèneront à l'indépendance de l'Inde, les œuvres et les réflexions de ce groupe jouent un rôle prépondérant dans l'émergence d’un art contemporain indien. La reconnaissance internationale de l'École du Bengale est appuyée en France par l'artiste peintre et éditrice Andrée Karpelès (1885-1956). Étroitement liée à ses membres qu'elle rencontre à Calcutta, Karpelès participe à rendre possible leur visibilité sur la scène culturelle française en organisant la première exposition européenne de leurs œuvres à Paris. Forte de ces échanges et guidée par une volonté de transmission, elle enseigne sa pratique à l’université Visva-Bharati de Santiniketan. Passeuse entre les sphères artistiques parisiennes et bengalies, Karpelès inscrit sa production au sein d’un véritable dialogue entre les modernités françaises et indiennes.