Récits de crise contemporains : Fictions réparatrices ou capitulations romanesques ? (Lecture de Tanguy Viel et Christine Montalbetti) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Contemporary French and Francophone Studies Année : 2020

Récits de crise contemporains : Fictions réparatrices ou capitulations romanesques ? (Lecture de Tanguy Viel et Christine Montalbetti)

Résumé

Plus rien que les vagues et le vent, by Christine Montalbetti, intertwines the trajectories of several American characters, who lost everything in the crisis of 2008, as they become friends with the French narrator. Article 353 du Code pénal (Minuit, 2017), by Tanguy Viel, takes place in the same context, though on the other side of the Atlantic Ocean. It tells the story of Martial Kermeur’s revenge against the ignominious real estate agent who caused his and all of his friends’ ruin. Both novels adapt the old genre of utopia to critique capitalism and its ruthless consequences, all the while carrying out a vivid interrogation on the possible ways in which fiction can exist in the political sphere. Within fiction, the novels propose another form of politics based on the individual versus an overarching system, on minor bonds and fragile solidarities versus the epic force of capitalism. Meanwhile, their ambivalent endings raise the question of the place and effectiveness of fiction on the social stage. Though the novels themselves work as projections intended to make the experiences narrated therein bearable, these two contemporary narratives of the economic crisis are haunted by a fundamental concern about their power (or lack of power), and torn between the fantasy of an impossible tale of repair and the despair of the time.
Plus rien que les vagues et le vent (P.O.L, 2014) remonte en les croisant les trajectoires de plusieurs personnages frappés de plein fouet par la crise des subprimes aux Etats-Unis à mesure que le narrateur, français, se lie d’amitié avec eux. Article 353 du code pénal (Minuit, 2017), de Tanguy Viel, s’inscrit dans le même contexte de l’autre côté de l’Atlantique, et raconte la vengeance de Martial Kermeur contre le promoteur immobilier qui l’a ruiné. Ces deux romans tendent vers un horizon réparateur, celui de la refondation d’une communauté solidaire des « petits » et des outragés, en adoptant parfois les accents de l’utopie. Ils privilégient une conception du politique (Rancière) comme lien d’élection contre le corps social, des solidarités infra-ordinaires contre la geste nationale et mondiale. Pourtant, leurs dénouements ambivalents soulèvent la question de leur propre légitimité, celle de la place et de l’efficacité de la parole littéraire sur la scène sociale et politique. Si le roman travaille comme une modélisation chargée de rendre supportable les expériences du monde, ces récits contemporains de la crise économique portent en leur cœur l’inquiétude fondamentale de leur insuffisance, entre fantasme d’une fiction réparatrice impossible et désespoir – politique, poétique – d’époque.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04603385 , version 1 (06-06-2024)

Identifiants

Citer

Morgane Kieffer. Récits de crise contemporains : Fictions réparatrices ou capitulations romanesques ? (Lecture de Tanguy Viel et Christine Montalbetti). Contemporary French and Francophone Studies, 2020, 23 (3), pp.333-341. ⟨10.1080/17409292.2019.1678254⟩. ⟨hal-04603385⟩
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