Au cours des années 2000, les réformes de l’emploi public, la promotion de l’externalisation et de la sous-traitance de tout un pan d’activités jusqu’ici prises en charge par des agentes de l’État, et les dispositions concomitantes encourageant le régime de l’indépendance et le recul du salariat ont transformé les situations d’emploi dans lesquels une partie du service public est assurée. Cette communication interroge la manière dont ces évolutions reconfigurent les profils des agentes auxquelles ces missions sont confiées. À partir du cas des guides conférencières, chargées de la transmission des connaissances relatives au patrimoine dans les musées, monuments historiques, villes et pays d’art et d’histoire, elle montre que le régime de l’indépendance ne prend pas le pas sur le salariat mais que son développement va de pair avec l’avènement d’une norme du cumul des situations (formes multiples de contrats salariés et régime de l’indépendance). Salariées et indépendantes, les guides doivent circuler entre les statuts avec des ressources hétérogènes selon leur situation économique, conjugale, et leur territoire d’implantation. La situation renforce les inégalités entre guides, poussant une partie d’entre elles à quitter le métier. L’analyse mobilise les matériaux collectés dans le cadre d’une enquête en cours, commencée en 2023 et consistant ici principalement entre vingt et un entretiens biographiques avec des guides complétés de carnets temporels sur sept jours consécutifs avec huit d’entre elles.