L'eau a constamment été une source d'inspiration majeure dans l'histoire de l'art, transcendant les frontières culturelles et temporelles. Des peintures symboliques de l'eau dans l'art rupestre aux œuvres emblématiques comme Le déluge de Michel-Ange ou La Grande Vague de Kanagawa de Hokusai, l'eau demeure un motif puissant et polyvalent, exploré par des artistes du monde entier. Cependant, à l'aube du XXIe siècle, nous faisons face à une crise écologique majeure, notamment dans la gestion de l'eau. Cette crise appelle à une réflexion artistique contemporaine sur notre relation à l'eau et à la nature. Ainsi, il devient impératif d'analyser les représentations actuelles de l'eau dans l'art pour comprendre et résoudre les défis écologiques auxquels nous sommes confrontés. Dans ce contexte, le spectacle Dilo , coécrit par Clément Béguet et Mehdi Meskini, se distingue comme une exploration novatrice de la relation entre la communauté dite « métropolitaine » de Guyane et l'eau. Clément Béguet souligne que l'eau est "à la fois un sujet social, économique et écologique" dans cette région du monde. Le spectacle se déroule sur une "bulle", sorte de radeau où les musiciens jouent, utilisant l'eau comme élément intégral de la performance. Les enregistrements de cours d'eau en Guyane et l'utilisation d'un hydrophone immergent le public dans les sons de la mer et des fleuves, offrant une expérience sensorielle unique. Notre méthodologie repose sur des entretiens avec les artistes, une analyse des textes et méthodes d'enregistrement employées pour la composition des morceaux du spectacle. Une "expérience partagée", inspirée par l’approche sensible et anthropologique de François Laplantine , nous a conduit à participer à des ateliers d'écriture sur la thématique de l’eau, organisés par les artistes lors d’une représentation du spectacle sur les Iles du Salut au large de Kourou, offrant ainsi une perspective immersive pour enrichir notre compréhension. L'objectif de cette communication est alors d'interroger, à travers l'art, la capacité du monde occidental à surmonter l'impasse naturaliste qui sépare l'Homme de la Nature, comme le suggère Philippe Descola (2015) . Nous examinerons le spectacle Dilo dans une perspective écosophique développée par Félix Guattari (2008) et inspirée par le travail sur l’eau de Patrik Marty (2016). Notre analyse vise à comprendre les enjeux liés à l'eau en Guyane du point de vue d'un « métropolitain », contribuant ainsi à une compréhension plus profonde de la relation complexe entre l'homme et la nature dans le contexte actuel de crise écologique. Cette exploration écopoétique de Dilo offre une opportunité de réflexion critique sur la manière dont l'art peut servir de catalyseur pour transcender les barrières entre l'humain et son environnement, soulignant l'importance cruciale de repenser notre relation à l'eau dans le contexte contemporain.