Au-delà des enjeux esthétiques ou de l'artification du beau et du bon à manger, à boire, un défi de base se présente pour l'image : suggérer déjà le goût, donner la sensation de saveur, aussi près que possible de l’émotion gustative dans l’expérience directe. Quels sont les dessous de telles images ? Comment procèdent-elles pour figurer le goût, donner l'envie, mettre en signes et en scène la séduction alimentaire ? Donner envie, certes, donner du sens plus encore, si l’image de la saveur entend se donner un plan de profondeur au-delà du conditionnement pavlovien ou de l’esthétique poussée à l’extrême pour séduire. On peut certes capitaliser sur les effets et les efforts démonstratifs pour amplifier tous les signes de la saveur, au plus près des aliments, au comble de la sensualité gourmande ou de la fraîcheur, de la profusion généreuse ou de la chair mise à nue. Mais nous allons voir que la figuration de la saveur se joue bien souvent à travers les dessous de l’image publicitaire. Parmi toutes les occurrences figuratives relevant de cette stratégie, nous retiendrons trois modalités d’expression de la saveur : - L’image débordante des dessous ou comment figurer la générosité du produit, l’abondance du goût et des saveurs, avec l’image du burger comme figure iconique d’une stratégie publicitaire éprouvée. - L’image subliminale qui entretient tous les fantasmes sur les dessous d’une image publicitaire sournoise, alors qu’en dépassant ce niveau d’incrimination entrent en jeu plus simplement des formes qui sollicitent notre imaginaire sensualiste et gourmand, sur le mode de la paréidolie, un terme à expliciter. - L’image synesthésique où les sensations, les ordres sensoriels se condensent et se déploient par analogies, correspondances, transpositions, à l’intérieur d’un ternaire sensible élargi : esthésique (sensations combinées), esthétique (du sensoriel à la forme expérientielle de la dégustation), éthique (valorisation gastronomique et valeurs associées).