La filière bovine a été sélectionnée à Abomey-Bohicon après le diagnostic des territoires conduit en 2003. Dans beaucoup de villes d’Afrique, l’urbanisation va de pair avec le développement de l’élevage laitier urbain ou périurbain. L’élevage bovin passe par contre souvent inaperçu au bas Bénin, car il est confié aux allochtones Fulani mais le diagnostic a permis de mettre en évidence la présence de troupeaux assez importants jusqu’au cœur de la ville d’Abomey et un marché à bétail très actif dans le centre-ville de Bohicon. Trois enquêtes ont permis successivement de décrire les fonctions des différents acteurs de la filière, de préciser l’évolution du pâturage et d’analyser certains enjeux et groupes stratégiques. Malgré des contraintes de plus en plus fortes sur les zones et couloirs de pâturage tant en milieu urbain que périurbain (bords de cours d’eau), il s’avère que l’élevage se maintient et augmenterait même en importance. La demande en fromage surtout ne cesse d’augmenter et alimente un flux régulier de lait acheminé par des ramasseurs à des femmes peuhls en milieu urbain qui le transforme en waogashi. La consommation courante de viande de bœuf reste faible et liée à la réception d’hôtes lors des cérémonies. La plupart des animaux provenant du Sahel et des zones soudano-saheliennes ne font que transiter par les marchés des deux villes pour alimenter les boucheries de la côte ou continuer vers le Nigeria. Des notables de la communauté Fulani, bien que celle ci soit d’implantation récente, ont développé un mode de gestion du marché attractif pour les commerçants transhumants et le marché de Bohicon serait un des plus importants du pays ; ils exercent aussi un contrôle sur l’embauche des bouviers par les éleveurs autochtones. Ils semblent en bonne position pour négocier sur la question du déplacement du marché de Bohicon et sur un éventuel œil de la mairie dans sa gestion. Néanmoins, vu les contraintes croissantes d’accès au pâturage intra urbain des zones interstitielles et les contestations autour des zones de pâturage en bords de rivière en zones périurbaines d’une part, vu la perception de l’intérêt de l’activité par les riverains et les pouvoirs publics d’autre part, l’élevage semble devoir être repoussé en périphérie lointaine. Cela signifiera l’abandon de l’activité par bons nombres d’éleveurs autochtones soucieux d’assurer un contrôle rigoureux sur leurs troupeaux et de prévenir les vols de bétail. L’absence d’une filière « lait frais » qui justifierait le maintient d’élevage de proximité accentuera cette tendance.