En parallèle des réinstallations organisées par les Nations unies et selon le modèle canadien de parrainage, des organisations caritatives parviennent, avec l’aval des autorités, à faire venir au sein de l’Union européenne (UE) des personnes en quête de protection. De 2015 à 2021, 4300 personnes sont arrivées en Europe par les couloirs humanitaires organisés par Sant’Egidio (1), la Fédération de l’entraide protestante, etc. Ces associations chrétiennes sont à l’initiative de dispositifs d’accueil de parrainage privé pour les réfugiés, soit de rares voies d’accès légal depuis le Liban, l’Éthiopie, la Libye vers l’UE. Issues des appels du Pape François en 2013, ces mobilisations invitent la société civile à agir en faveur des migrants comme une alternative aux naufrages des boats people en Méditerranée. Le gouvernement italien a signé un premier accord en 2015 pour 1 011 Syriens et Irakiens depuis le Liban. L’État français a ensuite signé deux accords (2017, 2021) encadrant l’accueil de 800 personnes depuis le Liban via ces dispositifs autofinancés prenant en charge l’accueil et l’intégration des réfugiés. Elles sont responsables de la diffusion du projet, de la coordination des accueils au niveau national. Si les missions de l’État se limitent aux contrôles des entrées sur le territoire et à la délivrance de documents de voyage, les personnes sont évaluées par les associations sur la vulnérabilité selon des critères humanitaires. Nous interrogerons la géographie produite par cette chaîne d’acteurs publics-privés mettant en exergue une politique au détriment d’autres dispositifs tout en questionnant ces formes d’accueil citoyens pour les exilés. (1) Fondée en 1968 en Italie, Sant’Egidio est engagé dans la résolution des conflits (accords du Mozambique, 1992) et contre la pauvreté dans le monde. Cette association humanitaire chrétienne bénéficie d’une influence considérable en Italie et entretient des liens forts avec la Papauté et des responsables politiques internationaux.