Aux bords de la fenêtre. Le cadre comme dispositif méta-pictural dans l’œuvre de Jérémy Liron. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2024

Aux bords de la fenêtre. Le cadre comme dispositif méta-pictural dans l’œuvre de Jérémy Liron.

Résumé

Dans ses toiles, Jérémy Liron compose des paysages structurés à partir de motifs architecturaux modernistes qui « se transforment en découpes géométriques1 », rejouant ainsi le cadre du châssis ou le format quadrangulaire du tableau (héritage de la tavola quadrata). Par contraste, d’autres motifs organiques viennent contrecarrer cette organisation orthonormée presqu’abstraite, tout en la soulignant. Bordures, murets, corniches, châssis, encadrements, encorbellement, fenêtres… sont constitutifs du vocabulaire iconographique du peintre pour des représentations qui ouvrent en profondeur l’espace pictural et délimitent aussi des seuils. Simultanément, ces éléments figuratifs se présentent comme des structures formelles déployées pour agencer, cadrer et recadrer le plan de la représentation. C’est ainsi que le regard du spectateur oscille entre les savants jeux de découpes de la surface peinte qui redoublent les bords du tableau, et l’illusion perspectiviste. Si le cadre du châssis, est-lui-même rappelé au-devant de la scène picturale, à travers le motif récurrent de la fenêtre, l’artiste donne aussi à voir le bord du tableau, en le laissant parfois à découvert (en réserve), ou en débordant le templum (ou « champ de vision »), avec des éléments de la composition qui induisent un hors cadre. Pour ses monumentaux polyptyques, Liron aménage également des interstices entre les bords des toiles. Ces intervalles créent des hiatus visuels et dessinent en creux l’espace du cadre. Mais ces polyptyques peuvent aussi être savamment encadrés, à l’instar de Paysage, 2012 ; acquise par le Musée Paul-Dini : l’œuvre est séquencée sur deux registres de toiles encadrées qui redoublent, en décalé, le châssis de la baie vitrée représentée. Nous retrouvons de nombreuses variantes de ces mises en abyme du cadre, entre présentation et représentation dans l’œuvre de Jérémy Liron. Car c’est aussi le cadre-objet qui intéresse particulièrement l’artiste alors que cet artefact reste un impensé de la peinture contemporaine. Plus qu’un accessoire ornemental, le cadre-objet est élaboré en dialogue étroit avec les toiles qu’il enchâsse, selon des dispositions qui varient en fonction des lieux d’expositions. Ainsi une même toile sera diversement encadrée, sur-encadrée, décadrée… eu égard à son contexte de présentation. Ces structures relèvent parfois de constructions géométriques complexes au sein desquelles la toile devient l’un des éléments. Notons également que pour l’ensemble Les archives du désastre, 2015-2023, qui compte aujourd’hui plusieurs centaines de pièces, chaque œuvre est rehaussée d’un passe-partout singulièrement délimité. Chacune de leur exposition en série fait apparaitre une nouvelle partition visuelle. La question du cadre et de la bordure traverse tout l’œuvre de Jérémy Liron selon différentes modalités que nous nous proposons de déplier dans le cadre du colloque. « […] le mariage du cadre et du regard : ce geste serait le geste même de la peinture » écrit G. Wajcman ; dès-lors, l’artiste contemporain donne à voir les dispositifs plastiques et à penser les rôles du cadre par rapport au tableau.
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Dates et versions

hal-04584047 , version 1 (22-05-2024)

Licence

Copyright (Tous droits réservés)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04584047 , version 1

Citer

Anne Favier. Aux bords de la fenêtre. Le cadre comme dispositif méta-pictural dans l’œuvre de Jérémy Liron.. COLLOQUE International Du cadre à la bordure, Muriel Joubert, Benjamin Labé, Frédéric Montégu, Viviane Waschbüsch, Jun 2024, LYON (Université Lyon 2 et ENS de Lyon), France. ⟨hal-04584047⟩
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