Cet article part du constat d’un déséquilibre persistant en droit de l’UE entre l’ardeur à s’inscrire dans des approches critiques et la faiblesse de la méthodologie critique pour se demander ce que peut apporter la critique aux juristes de droit de l’UE. Il s’appuie sur la richesse méthodologique de la théorie sociale critique pour expliquer comment la critique du droit de l’UE pourrait évoluer et l’importance d’une telle évolution. Faute d’un engagement méthodologique satisfaisant, les travaux en droit de l’UE dérivent entre l’idée problématique d’une critique démasquante et celle d’une critique prétendument non normative. Il est défendu qu’une méthode critique plus dialectique permettrait de montrer que la critique du droit de l’UE est toujours précédée d’un choix entre des rationalisations concurrentes de la société. Il en résulte que la théorie sociale devrait être d’un intérêt constant pour les chercheurs et les chercheuses en droit de l’UE et qu’une critique socio-juridique du droit de l’UE n’est pas réductible à la seule recherche empirique.