Les questions méthodologiques occupent une place croissante dans les débats contemporains en droit de l’Union européenne. Il y a de nombreuses raisons à cela. Les multiples crises que connaît l’Union ont pu conduire les européanistes à un certain « désœuvrement » ; ils doutent de la manière dont ils ont classiquement conçu son droit – un droit de l’intégration devant plus ou moins naturellement conduire à un ordre constitutionnel ou fédéral1. Ces crises et la façon dont elles ont été gérées ont aussi pu les conduire à une forme de « désenchantement » ; ils questionnent les relations qu’ils ont traditionnellement entretenues avec les institutions européennes qui ont joué un rôle majeur dans l’institution de la discipline et la production des savoirs sur l’Europe2. Ces remises en cause propices au questionnement interviennent dans un champ dont la structure diffère de celle d’autres disciplines juridiques. Si les débats méthodologiques sont parfois propres à certains contextes nationaux, les européanistes ont l’occasion de se rencontrer et de dialoguer au sein d’arènes transnationales, ce qui peut entraîner un enrichissement des perspectives mais peut aussi multiplier les lignes de partage. En outre, les frontières disciplinaires du droit de l’Union ne sont pas toujours bien définies ; elles varient selon les contextes nationaux et s’effacent parfois pour faire place aux études européennes3.