L’auteur se propose de revenir sur un aspect mineur mais néanmoins capital de l’histoire culturelle contemporaine de Cuba. Escamotée par le discours convenu développé dans la tradition romanesque des Guerres de l’Indépendance nationale entre 1850 et 1950, émerge la version très progressiste du projet anticolonial et républicain adossé à l’organisation des pratiques civiques, comme forme précoce d’éducation populaire et révolutionnaire par un peuple insurgé qui lutte pour s’extraire d’un système colonialiste et pour en modifier les rapports sociaux. Ce propos et ce projet seront balayés par le régime établi en 1902, mais il n’est pas infondé de voir se dessiner dans cet imaginaire et cette mémoire la continuité avec les mouvements révolutionnaires cubains du xx e siècle.