Sur le terrain, comme dans la littérature scientifique, l’activité d’enseignement est de plus en plus identifiée à un « travail émotionnel » . Autrement dit, on reconnait aujourd’hui qu’un professeur doit faire des efforts quotidiens pour moduler, contrôler, neutraliser, et même parfois amplifier ses émotions. Selon les cas de figure, il doit manifester sa colère, laisser aller sa joie ou contenir sa frustration. Ses réactions, toujours visibles et donc scrutées par les élèves, s’incarnent dans des situations spécifiques, au sein desquelles les interactions sociales demeurent teintées d’affectivité . Les recherches sur l’activité des enseignants experts montrent même l’importance que recouvre « le jeu émotionnel » dans la mise au travail des élèves. À la manière d’un comédien, certains professeurs parviennent à théâtraliser leurs interventions en classe , à faire ressortir la dimension expressive de leurs émotions et in fine à peser favorablement sur la dynamique du cours. Dans ce registre, l’humour est une modalité de communication particulièrement intéressante. Loin d’être futile, elle dénote un trait d’esprit parfois utile pour détendre l’atmosphère. C’est une façon plutôt subtile de se dévoiler aux élèves, de créer du commun et de les amener à voir le côté drôle des choses en partageant des points de vue qui les font rire .