La question déstabilise le monde de l’aménagement : comment adapter cette activité intense matériellement et valorisant monétairement l’artificialisation aux bouleversements écologiques en cours et à venir ? Comment la rendre compatible avec les limites planétaires et le fonctionnement des grands cycles biogéochimiques ? En suivant plusieurs aménageurs, ce travail rend compte des prémices d’un changement vers une écologisation de l’acte d’aménager. Que ce soit la réduction de l’empreinte environnementale, l’approche par les usages ou l’intégration d’analyses prospectives, ces méthodologies de projet permettent de requestionner les pratiques de l’aménageur, ses professionnalités et sa façon de faire compter les grands équilibres planétaires. Les controverses demeurent fortes pour autant, que ce soit sur les coûts engendrés, qui ne correspondent pas souvent à des valeurs marchandes, ou même sur la tension entre attractivité territoriale et capacités physiques du milieu à accueillir de nouveaux logements, ou de nouvelles activités. Finalement, une voie étroite est à rechercher entre la capacité historique des aménageurs à assembler des compétences, le calage d’une temporalité de l’action adéquate et les outils nécessaires à une reformulation du problème d’un aménagement écologisé.